Au beau milieu du clairière, un feulement de rage retentit !! Un blaireau venait d'entrer en collision avec une chatte. Cette dernière donnait des coups de pattes et de crocs dans toutes les directions possibles, essayant de porter un coup fatal pour son opposant, ou au moins le faire déguerpir.
Sans un buisson à plusieurs longueur de queue de souris de la bataille, une jeune femelle d'environ six lunes c'était réfugiée. Dès que sa mère lui ordonnant entre deux claquement de dents de s'enfuir, le chaton lui obéit et détala vers l'opposé de la scène...
Le blaireau donna un puissant coup de patte dans la chatte et l'écrasa comme une vulgaire souris. A la vu du corps sans vie, il finit par partir et vaquer à ses occupations.


Pendant ce temps là, le chaton, de son nom : Chanel, courrait le plus vite possible. Elle erra pendant plus d'un jour, morte de fatigue, de soif, et de faim. Elle finit par tombée inconsciente devant une sorte d'entrée... Mais... Une entrée de quoi  au juste ?!

La forêt était toujours aussi triste à voir. Moi qui aimais tant la saison des feuilles nouvelles et celle des feuilles vertes, je devais me contenter d'un paysage de mort, avec très peu de vie végétale. Je me consolais en me disant qu'on était solidaires, qu'on s'entraidait, mais est-ce que le rapprochement des Clans par deux était une bonne chose ? La suite risquait d'être compliquée à ce rythme...
Je soupirai en revenant au camp. Je ne dormais plus dans la tanière des guerriers, étant complètement bondée. Je dormais sur la plage, et j'en profitais pour surveiller de temps en temps. Un coup d'oeil circulaire m'indiqua que les félins du camp étaient en train de se réveiller. Je repérai rapidement Etoile d'Aurore et me dirigea vers elle. Il y avait des patrouilles à organiser, et avec tout le monde présent, Etoile d'Argile blessé et Bouton d'Or au clan des Etoiles, on était pas trop de deux pour s'occuper de ça.
Notre discussion était presque achevé que nous fûmes interrompues par un félin qui déboula comme une furie dans le camp. Je respirai rapidement son odeur. Je ne reconnaissais pas l'odeur d'un Clan, même si l'odeur de ceux-ci étaient mélangés à présent, mais plutôt l'odeur de la forêt et de divers endroit. C'était sûrement un chat solitaire, et il était terrifié. L'odeur de sa peur me prenait à la gorge. C'était un chaton en plus, je me demandai bien ce qu'il lui était arrivé. La meneuse du Sable s'approcha de la jeune solitaire et essaya de la rassurer. Elle lui dit d'une voix douce :

- Dit moi, où est ta maman petit ?

Cette situation me rappelait la mienne, et Etoile d'Aurore aidait cette solitaire comme elle l'avait fait avec moi. Je souris et m'approchai à mon tour. Pour que cette féline soit dans cet état, il avait dû se passer quelque chose. Et ce quelque chose était peut-être un danger pour les Clans. On ne pouvait pas se faire surprendre dans notre état de faiblesse.

- Il vous est arrivé quelque chose ?

Les ténèbres qui avait envahi un peu plus tôt la jeune femelle se dissipèrent pour laisser place à la lumière du jour...

J'entrouvris les yeux et aperçut plusieurs chats qui m'entouraient. Une femelle était penchée quasiment au dessus de moi et me dit d'une voix douce :

- Dit moi, où est ta maman petit ?

Parler me faisait mal. J'étais déshydratée. J'avais faim comme jamais je ne l'avais encore ressentie. J'allais répondre mais un autre félin me devança en disant :

- Il vous est arrivé quelque chose ?

Cette fois, j'ouvris la gueule pour parler et réussie sans que quelqu'un m'en empêche en parlant... Ce fut d'une voix faible et rauque que je déclara :

- Ma mère et moi... avons subit une attaque... de blaireau... elle... elle... elle est restée pour le faire fuir... elle... elle m'a demandée de m'enfuir... je l'ai écoutée... je suis partie... mais je me suis retournée pour voir si elle s'en sortait... même si je savais que je ne pourrais l'aider... elle... elle était... allongée... par terre... elle ne bougeait plus !!! Je réprima un sanglot. Ma mère est morte !!

Cette fois, je fondis en larme... Je ne pouvais plus me retenir. La vision du corps inerte de ma mère me hantait...

Mais elle ne nous a pas abandonné !

Elle vous a donné à une autre reine, c’est du pareil au même.

Mes sœurs me regardent bizarrement. Je dois avoir l’air étrange.

Depuis quelques temps, je débats avec ce que j’appelle ma conscience. Une petite voix agaçante qui répond à toutes les questions que je me pose. Sauf que ces réponses, je ne veux pas les entendre. Surtout en ce qui concerne ma mère.

Tout d’un coup, j’entends un gros bruit qui semble venir de l’entrée du camp. Je ne m’en souciais pas, jusqu’à ce que je sente l’odeur. C’était une odeur différente de d’habitude, que je n’avais jamais senti. Les reines sortirent jeter un coup d’œil et j’entendis des morceaux de conversations. Dans lequels apparaissait fréquemment le mot solitaire. Ce devait être ça. Un solitaire déboulant au camp. Mais pourquoi ? La tension planait dans l’air.

Pas que la tension d’ailleurs. Sur tout le clan régnait une senteur étrange. Un genre de… mélange. Le mélange des odeurs des deux clans. Et d’après ce que j’avais entendu, cela ne plaisait pas à tout le monde. Les chats venaient souvent discuter à la pouponnière, pensant qu’un chaton ne serait pas une grande menace. Et on apprenait. Pour certains guerriers, le mélange de leurs odeurs, c’était comme perdre leur… intégrité, comme si à présent, il n’existait plus de clans distincts mais une seule tribu.

Dehors, les chats s’étaient rassemblés autour du solitaire. Je me rapprochais un peu pour voir, non sans surprise, un chaton. De mon âge. Mais que faisait-il ici ? Ma mère (en la voyant, j’eus comme d’habitude un pincement au cœur) lui parlait.

J’entendis sa voix et je rectifiais mentalement : une chatonne.

- Ma mère et moi... avons subit une attaque... de blaireau... elle... elle... elle est restée pour le faire fuir... elle... elle m'a demandée de m'enfuir... je l'ai écoutée... je suis partie... mais je me suis retournée pour voir si elle s'en sortait... même si je savais que je ne pourrais l'aider... elle... elle était... allongée... par terre... elle ne bougeait plus !  Ma mère est morte !

Oh.

Je me senti tomber, tomber, tomber. J’eus beau réprimer mon esprit, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer la scène. Les reines nous décrivaient les blaireaux comme des monstres rayés sanguinaires capables d’avaler un chaton tout cru. Je vis dans ma tête une chatte en train de se battre contre une de ces créatures, puis recevoir le coup fatal et s’effondrer.

Devant les yeux de sa fille.

Quelle horreur !

A présent, une vague envie de vomir me tenaillait. J’entendis sans comprendre les ordres que maman lançait, puis la vit se rapprocher de la chatonne. Je fis de même.

Etoile d’Aurore serra la petite solitaire contre elle puis lui fit sa toilette. Et bien que je me haïssait pour ça, un autre sentiment remplaça ma tristesse et mon horreur.

La jalousie.

Ma mère lui adressa quelques mots rassurants, et je fermais les yeux. Pourquoi est-ce que cette chatte que nous ne connaissions absolument pas avait droit à ça et pas moi ? Ce n’était pas juste. Moi aussi, j’aurais voulu me serrer contre maman, ronronner contre elle. Et je ne pouvais pas.

Surmontant ma jalousie, je m’approchais encore un peu et me forçait à dire d’un ton rassurant.

« Je… je suis désolé pour ta maman. Moi aussi, je ne peux plus voir la mienne.

Ma voix se brisa très légèrement.

Je comprends ce que tu ressens. »

Et je lui léchais l’oreille, sans réussir à m’empêcher de jeter un coup d’œil à Etoile d’Aurore.