La nui est claire, la nuit est chaude, elle est sauvage... C'est ce que je me disais. Je ne pouvais pas dormir en ce soir de saison des feuilles nouvelles, car je mourrais de chaud. J'ai donc décidé de sortir un peu de regarder... La Lune. Je le distrayais ainsi, en essayant de trouver le someil, quitte à dormir dehors. L'aube commençait à se lever au loin, les étoiles illuminaient encore le ciel et la lune était là, brillante, au-dessus de ma tête. Je la fixais, sans pouvoir détacher mon regard de l'astre lumineux.

Je finis par me lasser de regarder la lune et je me mis en route vers je-ne-sais-où. Je marchai longtemps, très longtemps, et j'attrappai quelques proies au passage: un mulot et un campagnol qui passaient par là pour chercher à manger. Je regardais de temps en temps autour de moi, aux aguets, pour voir si personne ne me suivait même si je ne sentais pas d'odeur et je ne percevais aucun bruit suspect.

Je débouchai ensuite dans la Ville... Une Ville imposante, faite de macadam qui m'entaillait les coussinets, de grands bâtiments avec plein de vitres qui touchaient le ciel, et plein d'odeurs ! Des odeurs de monstres à roues des Bipèdes, des odeurs de nourritures et plein d'autres que je ne connaissait pas ! Mais il n'y avait aucune trace d'odeurs de oetits animaux, ni celles des fleurs... Mais par contre, des chats errants. Ils puaient la charogne ! J'espérais ne pas les rencontrer.

Je m'avançai donc en territoire inconnu. Que c'est grand et désert ! Généralement, ça grouille de Bipèdes, mais là il n'y a personne ! Je visitai la Ville quand je faillis trébucher sur une petite chatte noire aux grands geux vert émeraude planquée dans l'ombre:

-Salut ! T'es nouvelle par ici ?

-Heu je ne fais que passer... Dis-moi, qui es-tu ?

-Fiona ! Et toi c'est comment ?

-Clair de Lune...

-En voilà un nom compliqué ! Mais c'est joli ! Toi aussi t'es nocturne ?

-Heu... Je n'arrivais pas à dormir donc je me balade...

-D'accord ! Mais fais attention ! Quand le jour se lève, il y a plein d'Humains dans les rues ! Il faut faire attention aussi à ne pas se faire écraser par les voitures ! Bon ! Faut que je file ! Ravie d'avoir fais ta connaissance ! Salut !

-Heu moi de même... Au revoir !

Et sur ces mots, la petite bavarde disparut dans un coin de la rue. "Humain" ? "Voiture" ? Mais de quoi voulait-elle parler ? Cela resta un mystère. Je fus ensuite rapudement gagnée oar le sommeil. Je me mis donc en quête d'un coin pour dormir, et j'en trouvai un assez rapidement: une grande tanière en fer avec un couvercle -poubelle-. Je me mis donc dessus et m'endormit jusqu'à l'aube...

J'étais au pays des songes, des chats apparaissaient ici et là, mais ce n'était pas un rêve du Clan des Étoiles. Ce rêve là était agréable et doux... Il dégageait comme une chaleur... Tout à coup je fis l'ombre d'un chat, dont je ne vis que les beaux yeux ambrés. Elle me parlait d'une voix douce... Elle disait:

-Clair de Lune, réveilles toi. C'est moi, Plume de Broussaille, ta soeur.

Sur le coup, je répondis à l'ombre, en murmurant:

-Plume... De... Brousaille ? Ma...

Puis j'eus un flash: ce n'était pas un rêve, cette ombre était bien réelle ! J'avais, sans le vouloir, ouvert les yeux, et je voyais désormais une chatte devant moi qui me regardait sereinement. Mais oui ! C'est Plume de Brousaille ! Je me  réveillai pour de bon en sursaut, je voulus aller voir la Guerrière devant moi. je fis donc un pas, mais je ne me rendis compte pas assez vite que ma patte ne touchait pas le sol. Je voulus me rattrapper en émètant une sorte de plainte rauque et le couvercle glissa et se fracassa sur le sol en un grand bruit qui me fit peur. J'étais au bord de la Tanière de fer, qui tomba en un bruit assourdissant et désagréable et ayant perdu l'équilibre et ayant été entraînée par la chute de la Tanière de fer qui roula un peu plus loin, je m'étalai sur le dos, juste devant les pattes de ma soeur, que je regardais étonné. Je pensais dormir dans la Tanière des Guerriers, sur mon lit de mousse, mais j'étais encore en Ville, et je ne me rappelais plus que j'étais en hauteur... Je me relevai vite fait en m'ébrouant puis lança, pressée et confuse:

-Ha oui... C'est toi ! C'est dangereux ici... Tu devrais retourner au Camp... Aussi, merci de m'avoir réveillée... J'aurais pu me faire attrapper... Merci, vraiment. Mais que fais-tu ici ?

Je n'avais apperçue ma soeur que très brièvement lors de l'incendie. Aussi, j'étais tellement heureuse de la revoir ! Je pouvais lui parler librement, maintenant qu'elle logeait ainsi que tout le reste de son Clan, au sein du Camp du Clan du Sable... Je la regardai dans le balnc des yeux en souriant, puis je contemplai le carnage que j'avais causé. La Tanière de fer avait fini sa course un peu plus loin, et des sacs noirs étaient éparpillés un peu partout. Quand au couvercle -qui faillit me tomber dessus-, je ne le retrouvais point.

-Holàlà... Quel désastre... Je ne suis pas douée, et il m'est impossible de réparer mes dégats... Que fait-on ?

Concluais-je, gênée de ma réaction envers ma soeur et du bazar que j'avais fait.

Plume de Brousaille eut un instant l'air perdu, quelque chose n'allait pas. Elle répondit tout de même:

-Ne t'inquietes pas pour moi. Je me baladais un peu.

Elle regardai un instant le nid de Bipède en fer avant de déclarer:

-Ça leur sert a quoi ces petites tanieres ? ils sont bien trop grands pour rentrer dedans. Tu crois qu'ils y mettent leurs petits ?

-Non, ce sont leurs ordures. C'est dégoûtant et ça empeste, dire que certains chats des rues mangent de pareilles atrocités...

Répondis-je en éventrant le sac noir d'un coup de griffe en en désignant le contenu à ma soeur d'un geste de la queue. J'en fis ensuite l'énumération:

-Poisson pas frais, petites baies vertes -petits pois-, branches molles oranges et rondes -carottes-, résidu de je ne sais quoi -patée pour chien-, des sortes d'entrailles de proie quelconque avec du sang -spaghettis-...

Je goûtai ensuite le dernier aliment. C'était un long fil rouge recouvert de sang clair et consistant. Je souris puis me léchais ensuite les babines, en tendant le sac noir à ma soeur, en déclarant:

-Goûte, c'est bon. Ce sont des cochonneries des Bipèdes, et le goût est bizarre... Je ne sais pas ce que c'est ! Tu le sais, toi ?

Je lui laissais un moment avant d'ajouter:

-Au fait ! Tu n'aurais pas vu Feuille d'Espoir et Rosier Sauvage par hasard ? Cela fait des jours que je ne les ais pas vues... Il faut dire aussi que je passe le plus clair de mon temps hors du camp...

Je me léchais les babines, je me disais que tout de même, ce que j'avais mangé à l'instant ne vallait pas unmulot. Je raffole des mulots. Dès que je peuxen chasser ou qu'il y en a sur la pile de gibier, je me rue dessus.

- J'ai passé la matinée à aider Rosier Sauvage à soigner les blessés, mais je n'ais pas vu Feuille d'Espoir. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé.

Me répondit ma soeur. J'étais rassurée. Rosier Sauvage se porte bien, et Feuille d'Espoir est forte. Elle doit sûrement chercher des herbes pour soigner les quelques blessés restants. Elle va revenir...

Je fus prise d'un haut-le-coeur et me dirigeais vers le coin de la rue pour recracher la nourriture de Bipède. Ça n'avait aucun goût, finalement ! C'était juste tout visqueux ! Je tournais les talons. Pendant ce temps, Plume de Brousaille avait l'air d'hésiter à dire quelque chose. Elle se décida enfin, quand je fus revenue:

- Dis, si tu me parlais de... notre mère ?

Je me retournais et fis des yeux ronds.

- Notre... Mère ? Tu ne lui as pas encore rendu visite ? Elle doit être dans la Tanière des Anciens à moins que j'aie raté quelque chose. Alors ! Notre mère. Hé bien... Elle est très sympathique...  Elle est sincère et ne mentirait sous aucun prétexte. la preuve, elle m'a tout dis sur notre origine, sans faire d'histoire, quand je suis devenue Guerrière. Quelque chose en moi me disait qu'elle ne mentait pas. Sinon, elle s'inquiète beaucoup de ce qu'on fait, et elle désirait beaucoup vous voir, Feuille d'Espoir et toi...

Déclarais-je après un moment. Parler de ma mère me rendait nostalgique et me fit regretter le temps ou nous étions Chatons, et que nous étions encore toutes réunies. Si seulement nous avions pu être dans le même Clan... Je me mis à penser à cela. Tout aurait pu être si différent...

Ma soeur avait l'air étonnée. Elle avait aussi l'air très heureuse de savoir que notre mère était en vie.
Le Clan du Sable assure une bonne protection des anciens, et pour moi, cela paraissait être une priorité de protéger Mère. Ele se faisait vieille, et elle était plus vulnérable...
L'idée de la perdre, elle qui m'avait suivie depuis ma naissance, mon chemin, et celui de Rosier Sauvage, me répugnait. Je ne savais quelle aurait été ma réaction si ellevenait à partir du jour au lendemain.
Je voulais demander à Plume de Broussaile des nouvelles de notre père, mais celle-ci me devança en disant :

-Alors, elle est vivante... Malheureusement, ce n'est pas le cas de notre pere... Il s'appelait Tornade de Flammes et il est mort d'une attaque de renards peu avant l'Assemblee pour me sauver. C'etait mon mentor mais aussi un guerrier fidele et genereux. Mais il nous a toujours menti sur nos origines. Il disait que nous etions ses seuls enfants et que notre mere etait morte peu apres notre naissance. Des mensonges et rien que ca ! Quel gachis tout de meme ! J'aurais tant aime qu'il soit la pour revoir notre mere. Si seulement on pouvait remonter le temps et tout changer... J'aurais tant aime vous connaitre plus tot, si seulement il ne nous avait pas menti.

Ha... Je ne voulais pas cacher ma dépression. Moi qui aurait tant aimé que toute notre famille soit réunie, au moins une journée ! Tous mes espoirs se sont soudainement envolés, à la fin des paroles de ma chère soeur. C'est tout de même une bonne chose que je l'aie appris. Je restais dans l'ignorance sinon...

Plume de Brousaille, elle, paraissait désemparée, mais essayait tant bien que mal de le cacher. Elle devait songer au passé. Cela devait être un choc pour elle, elle qui avait vécu jusqu'à maintenant en compagnie de père et de Feuille d'Espoir...

J'étais en train de songer à toutes ces choses là, j'étais en train de me mettre à la place de ma soeur, et de m'imaginer ma réaction dans ce cas quand cette dernière se retourna et s'exclama :

- On rentre au Camp ?

- Bonne idée !

Ais-je répondu. Il commençait à faire frais, et des monstres passaient quelquefois sur le chemin, faisant du bruit et dégageant des odeurs nauséabondes. Je regardais une dernière fois la ruelle, et les étranges constructions de Bipèdes qui se dressaient fièrement devant nous.
Je me demandais comment les chats des rues pouvaient faire pour vivre ici. Et comment ils faisaient pour se nourrir, aussi. Le goût atroce de la chose que j'avais avalée tout à l'heure me restait dans la gorge. J'ai cru que j'allais vomir. Rienne vaut une bonne souris !
Je fis quelques pas et devança ma soeur, qui m'attendait. Elle avait l'air de vouloir quitter cet horrible endroit le plus vite possible.

C'est alors qu'au coin de la rue je revis la petite chatte noire que j'avais rencontrée en arrivant. Elle n'avait pas bougée et restait assise, immobile, et me fixait, l'air de dire : "Toi tu as quelqu'un qui t'accompagne, alors que moi je suis seule."
Mais cela n'avait pas l'air de la déranger. Elle se leva ensuite doucement, puis tourna les talons, en me regardant une dernière fois, un grand sourire aux lèvres en guise d'Au revoir.
Je souris moi aussi puis traversa le chemin de Bipèdes.
Une fois de l'autre côté, je me mis à fixer ma soeur, qui avait encore l'air dans la lune, et lui lança :

- Alors tu rêve ? Viens !

Je m'assis ensuite et attendis ma soeur.

Plume de Brousaille finit par me suivre, l'air guillerette. J'en profitais pour me relever et me mettre en route assez lentement, pour que ma soeur puisse me suivre. Elle avait l'air très heureuse de retrouver la forêt et ses parfums familliers. La Ville des Bipèdes avait l'air de vraiment la terrifier, comme elle fut terrifiée pendant l'incendie. Là, elle paraissait vraiment dans son élément. Moi non plus je n'étais pas à l'aise dans la Ville. Ma soeur me fit remarquer qu'il faudrait passer directement pour ne pas se faire repérer par une patrouille matinale, et je lui répondit que c'etait mon intention, mais le bruit de notre foulée sur le sol couvert de feuilles fortes couvrait ma voix.

Je dépassais pour de bon Plume de Brousaille, et je filais vite fait dans la Tanière des Guerriers pour pouvoir dormir un peu et me réchauffer. Ma soeur me suivit et se blottit contre moi, en m'adressant un sourire complice, puis en s'endormant. Je n'avais jamais eu la présence de quelqu'un de proche à côté de moi, à part quand´étais petite. Cela m'emplit de joie et je sombrais moi aussi dans de songes profonds en ronronnant.

Voilà on a fini. Je vais prévenir les Staffiens.